Casino / Daijna
- lecameleon83
- 1 mai 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 mai 2020
Atelier d’écriture en période confinée N°3
Ecrire un texte en partant de la première phrase d’un livre et le terminer par la dernière phrase du même livre.
Première phrase :
Tout autour d’eux la cacophonie de la cupidité s’adonnait à ses excès les plus éclatants et extrêmes.
Dernière phrase :
Elle continua de rouler.

Casino
Tout autour d’eux la cacophonie de la cupidité s’adonnait à ses excès les plus éclatants et extrêmes. Des machines à sous rutilantes engloutissaient avec une régularité diabolique les maigres retraites de pauvres petits vieux aux regards vides. Hypnotisés, ils répétaient le même geste de façon mécanique, jusqu’à devenir eux-mêmes des robots.
Une femme aux yeux trop fardés, encore jeune, semblant échappée d’un film noir hollywoodien, attendait. Drôle d’endroit pour un rendez-vous que ce casino de bord de mer. Lisa avait du mal à maîtriser le tremblement de ses mains, les battements de son cœur.
C’est ici qu’ils s’étaient rencontrés, 15 ans plus tôt, alors qu’elle noyait son spleen juvénile dans des cocktails aux noms exotiques tout en jouant sa vie à la roulette russe. Il était apparu comme un archange, un punk céleste, tellement beau et solaire. Ils avaient cette nuit-là, réinventé un monde à leur mesure et rebaptisé toutes les étoiles de la Voie lactée. Puis il y eu un matin, il y eu un départ, l’espoir de se revoir, l’oubli enfin. Jusqu’à la semaine dernière.
Drôle d’endroit pour des retrouvailles que ce casino en hiver. “Nous reconnaîtrons nous ?” S’étaient-ils dit au téléphone la veille. Et ils avaient ri. Puis en raccrochant ils avaient tremblé.
Stefan, se frayant un chemin entre les machines à sous tonitruantes, venait d’apparaître, élégant et désinvolte. Il lui avait souri comme si rien de ce qui leur arrivait n’était étrange. Elle pouvait voir dans ses yeux clairs se rallumer toutes les étoiles de leur Voie lactée.
Une pièce s’échappa de la poche de Lisa tandis qu’elle s’approchait de Stefan pour l’embrasser. Une belle pièce en argent, celle avec laquelle Lisa avait l’habitude de jouer à pile ou face. Mais ce n’était plus le moment de laisser le hasard décider à sa place. Tant pis pour la pièce. Elle continua de rouler.
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