On lui donnerait... / Judith
- lecameleon83
- 16 juil. 2020
- 2 min de lecture
Atelier d’écriture du 4 mars 2020, animé par Judith
Ecrire une histoire à partir de cette expression :
"On lui donnerait le bon Dieu sans confession"

On lui donnerait...
Elle, c'est Eva. Ni grande, ni petite. Ni maigre, ni grosse. Yeux bleus, cheveux mi-longs châtains. Signe particulier : néant, comme indiqué sur son passeport. Toujours habillée et chaussée sagement.
Sa mère disait d'elle : "depuis toute petite, elle est sage comme une image. Tellement différente des autres enfants de son âge."
Tous ses amis de classe la définissaient, au fil des années, comme une bonne copine, une fille gentille, aimable et sympathique.
Alors que dans son journal intime, elle écrivait : "j'en ai marre d'être la gentille de la classe. Je voudrais être méchante et mauvaise. D'ailleurs, ce matin, quand le prof de français m'a posé une question à laquelle je n'avais pas de réponse assez rapide, elle m'a fait une réflexion et du coup je n'ai qu'une idée : lui griffer le visage jusqu'au sang. Elle ne perd rien pour attendre!"
A 25 ans, elle est tombée amoureuse d'Edouard. Il se disait poète mais personne ne le comprenait, ne croyait en lui. Sauf elle. Elle se serait coupée en quatre pour lui faire plaisir. Refusait de voir qu'il buvait plus qu'il ne créait. Et s'il décidait de rester au bistrot avec ses copains, c'est seule qu'elle revenait à la maison.
Une nuit qu'il rentrait chez eux, ivre et bavard, elle lui mit l'oreiller sur le visage pour le faire taire. Et il se tut. Mais au matin elle constata qu'il était tout simplement mort. Sans hésiter, elle appela la police et dit : "j'ai tué mon amoureux".
Lors de son procès, son avocat, sur base des aveux de sa cliente, plaida le crime passionnel et le juge la condamna pour ce motif. A la sortie du tribunal, presque tous étaient abasourdis et disaient aux journalistes de la presse écrite ou de la télévision : "je ne comprends pas, Eva était si gentille, si affable, toujours sympathique et dévouée. Je la connais depuis des années. Jamais je n'aurais imaginé cela."
Aujourd'hui c'est une des gardiennes de la prison où Eva purge sa peine qui témoigne : "ah, si toutes les détenues étaient comme elle! Depuis le premier jour, on lui donnerait le Bon Dieu sans confession. Ou plutôt, on lui aurait donné le Bon Dieu sans confession."
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