Plongeur au bout du monde / Daijna
- lecameleon83
- 1 mai 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 mai 2020
Atelier d’écriture du 6 novembre 2019, animé par Daijna
Ecrire un texte à partir des 3 objets ci dessous


Plongeur au bout du monde
Plongeur, presque au bout du monde. Ca fait rêver. Et pourtant… Il ne ramène pas d’étoiles de mer et encore moins de perles. Non, Angel fait la plonge au restau du bout du quai à Marseille, de midi à 15h puis de 20h à minuit. Ça lui laisse du temps libre pour jouer aux jeux vidéo et lire des romans d’aventure. Un jour, c’est sûr, il partira…
- Angel, arrête de rêver ! Tiens ta sœur t’a déposé un paquet.
- Tu dois te tromper Karim, j’ai pas de sœur.
- Dommage, elle était mignonne. Bon alors tu l’ouvres ton paquet ?
Angel ouvre puis relâche la boite en poussant un cri. A-t-il bien vu ? Est-ce vraiment un rat avec un couteau en plein cœur ? Bien décidé à ne pas passer pour une mauviette aux yeux de Karim, il ramasse la boite et en extirpe le contenu. En fait c’est un rat en plastique avec un petit canif planté au milieu. Moins cruel mais tout aussi flippant se dit-il.
Karim lui lance un regard soupçonneux, puis retourne à ses assiettes sales. Pas envie de tremper dans des histoires louches.
Le rat se trouve dans n’importe quel magasin de farces et attrapes tandis que le canif est un objet publicitaire plus ancien. Il porte l’ inscription « armes-coutellerie » d’un côté et de l’autre « Bertrand 14 rue République. Marseille »
Angel hésite. Son esprit tangue entre mauvais présage et message mystérieux. Mais comme il n’aime pas trop divaguer dans ses sombres pensées, il décide de se rendre à l’adresse écrite sur le manche du canif. C’est à peine à 10 minute à pied.
14 rue République. La coutellerie a laissé place à une librairie d’occasion. Pèle mêle s’entassent vieux papiers, éditions rares et livres oubliés disposés dans des caisses d’orange recyclées. Angel ère entre les rayons, sans savoir ce qu’il cherche, sans doute rien en fin de compte.
Une carte postale ancienne attire son regard. La femme, en habit traditionnel, lui rappelle sa nounou restée au bled, son enfance à Tunis, le parfum des orangers en fleur et du jasmin. Il la retourne : « Souhaits affectueux pour 1908. Germaine et Paul »
Ses grands-parents aussi s’appelaient Germaine et Paul. Sans doute que tout le monde s’appelait Germaine et Paul à cette époque se dit-il. Au coin de son œil, une larme brille comme une perle.
Il touche le petit coquillage qui jamais ne quitte sa poche gauche. Il est beaucoup trop petit pour qu’on puisse entendre la mer en le collant à son oreille. Et pourtant…
Lorsqu’il retournera sur le port, il ne s’arrêtera pas au bout du quai, il prendra le premier bateau qui part loin, retrouver cet ailleurs qui ne l’a jamais quitté. Et il sera plongeur, pour ramener des gros coquillages, des étoiles de mer, peut-être même des perles, qui sait…
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