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Sous les platanes / Daijna

Atelier d’écriture du 3 juin 2020, animé par Daijna


La préparation :

Chacun écrit sur un petit papier 1 personnage, puis 1 lieu, 1 temps, 1 objectif, 1 autre personnage, 1 objet.

Pour chaque tas de petits papiers, on lit toutes les propositions et on vote. La trame de l’histoire se construit peu à peu.

Ecrire une histoire à partir des éléments retenus :

Mike, facteur à vélo, 23 ans

Une terrasse de bar sous un platane

Un matin d’été

Partir voir les aurores boréales

Un auteur de BD

Un bilboquet



Sous les platanes

Le soleil, à travers les feuilles de platanes, dessines des formes fantasmagoriques sur ma planche de croquis.

C’est un matin semblable à celui ci que Mike est parti. Je revois son air de défi lorsqu’il me lança : tu verras, je te prouverai que je ne suis plus un gamin, je vais aller en vélo jusqu’au bout du monde, tout là haut, là où naissent les aurores boréales...

C’était vrai qu’il avait gagné en assurance, et aussi en taille et en muscle, depuis qu’il faisait le facteur sur son vélo jaune. Mais pour moi il restait un enfant, beau comme un ange, avec son sourire désarmant et sa mèche blonde rebelle.

Je le connaissais depuis ses 15 ans. A l’époque , alors que les garçons de son âge jouaient à la PlayStation, il s’amusait à fabriquer des bilboquets avec un opinel. J’appréciais sa fraîcheur, son enthousiasme, sa poésie.

Je m’étais inspiré de lui pour créer Miko, un des personnages récurent de mes bandes dessinées. Je le représentais toujours avec sa petite mèche rebelle et son bilboquet.

Sans doute a-t’il toujours été un peu amoureux de moi. Un sentiment hybride d’admiration, de complicité et de tendresse. De cela nous ne parlions jamais. 20 ans de différence sont une raison suffisante à ce silence. Alors bien sûr je riais lorsqu’il m’offrait des fleurs ou des poèmes, je lui ébouriffais les cheveux et l’embrassais sur la joue.

Ce matin là, je m’étais gentiment moquée de lui. C’est alors que mon archange blond, après sa tirade un peu naïve, enfourchant son vélo, s’était enfuit.

Depuis maintenant des semaines, je suis ses aventures sur son compte Instagram. Parfois même me parvient une carte postale. Il ne devrait plus se trouver bien loin de la Norvège et de ses aurores boréales.

J’imagine sa joie lorsqu’il touchera enfin son rêve, sa fierté aussi.

Les yeux dans le vague, je ne vois ni n’entend le nouveaux facteur approcher, c’est une factrice d’ailleurs. Elle dépose machinalement le journal sur ma table. « Un jeune homme originaire de Saint Saturnin en Provence, retrouvé sans vie à Tromso en Norvège. Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances du drame. »

Doucement, une larme vient tacher ma planche de croquis, celle où un Miko souriant part à la conquête du monde son bilboquet à la main.


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