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Une maisonnée renfrognée / Judith

Dernière mise à jour : 3 mai 2020

Atelier d’écriture en période confinée N°1


Une histoire courte sur le thème de l’évasion et selon les règles suivantes :

1/ Dans le dernier livre que vous avez lu (ou celui que vous êtes en train de lire), prenez le premier substantif qui apparaît dans la première page. Puis le premier adjectif de la page N° 40. Vous pouvez ajouter un article et accorder le tout. Ce sera le titre de votre histoire.

2/ Comptez combien il y a de voyelles dans votre prénom. Ce sera le nombre de personnages de votre histoire.

4/ Un petit bonus : ajoutez dans l’histoire un animal dont le nom commun commence par la même lettre que votre nom de famille.


Une maisonnée renfrognée


- Tu as vu Hermine ce matin? ai-je demandé à André au moment où il entrait dans la cuisine. - Quand est-ce que je l'aurais vue? m'a-t-il répondu. Tu vois bien que je viens de me lever et de descendre. - Je vois surtout que Môssieur a mal dormi! Si tu n'étais pas resté devant la télé jusqu'à 4h du matin, tu te serais levé plus tôt. Et si tu veux du café maintenant, il en reste. Il n'y a qu'à le réchauffer.

Ceci dit, je tourne les talons et me dirige vers le salon : le nettoyage ne va pas se faire tout seul. Quand je pense que cela fait des années qu'il m'a promis une femme de ménage. J'attends toujours et en attendant qui se tape le sale boulot? Moi!

Tout en aspirant, dépoussiérant, rangeant, je repense à notre vie à deux, André et moi; notre rencontre; nos amis; ces vacances dans un village du Vaucluse; cette petite boule de poils blancs, cette jeune chatte qui, très vite, nous avait adoptés : un haret qui, de sauvage, est redevenu domestique grâce à nous et s'est avéré être une femelle que nous avons appelée Hermine parce que blanche.

Une dame du village qui nous avait suggéré de l'emmener, "sinon mon chien finira par la manger" avait-elle ajouté. C'est ainsi que nous avions décidé de la ramener chez nous, même si nous vivions en appartement à l'époque. Nos années-bonheur quoi.

Quand nous avons déménagé pour nous installer dans une maison avec jardin, Hermine avait grandi et nous, vieilli. La seule fois où elle nous a fait la gueule, c'est quand nous sommes revenus d'une semaine de vacances. A notre retour, elle a boudé pendant deux jours pour nous faire comprendre qu'elle aussi, elle serait bien partie quelques jours. Puis c'est passé. En tous les cas, pour Hermine.

André, lui, devenait de plus en plus grognon : l'été il faisait trop chaud, l'hiver trop froid, les amis étaient vieux ou malades ou carrément morts, les robots vont bousiller la planète, les Chinois sont trop nombreux,... Il ressemblait à son père!

- On devrait partir plus souvent, voyager tant qu'on le peut encore, disait-il. - Oui, mais Hermine? - On dirait qu'elle compte plus que tout dans cette maison. Silence de ma part. Mais qu'est-ce qu'il m'emm... ce type!

Deux jours plus tard, Hermine n'est toujours pas rentrée. Chaque fois que je passe devant ses gamelles, je ne peux m'empêcher de soupirer. Je sens qu'André, lui aussi, est perturbé par cette absence mais il refuse de le laisser paraître. Il part souvent dans le jardin, dans la ruelle, dans la campagne, comme si de rien n'était, tout en me balançant avant de sortir :

- Ca ne m'étonne pas que ce chat se soit évadé : il étouffait ici.

A quoi je répondais :

- Il ne s'est pas évadé, il a disparu. Ce n'est pas la même chose. - Si tu voulais tout le temps l'avoir sous les yeux, il fallait prendre un poisson rouge. Il serait resté dans son bocal.

Sur quoi il claquait la porte derrière lui.

Quelques heures plus tard, il revient avec Hermine dans les bras.

- Je l'ai trouvée dans la grange de la Ferme des Brasseurs. Tout en haut. Je suppose qu'elle n'osait pas redescendre. Et nous, quand est-ce qu'on mange?


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