Dans un train / Cathy
- lecameleon83
- 4 juin 2020
- 2 min de lecture
Atelier d’écriture du 20 mai 2020, animé par Daijna
Thème : "Dans un train"
Longueur du texte entre 300 et 500 mots

Dans un train
C’est bien un vieux train d’autrefois qu’on a remis en service ce jour-là. Pourquoi? On ne le saura pas.
J’avançais dans le couloir, je tirais la porte et me calais coin-couloir . Il n’y avait qu’une personne dans ce compartiment , un homme , je le saluais avec un petit sourire furtif et tournais la tête, faisant semblant de regarder le paysage. Je savais qu’il allait me raconter sa vie... ça m’arrive toujours. Pourquoi? Est-ce que j’ai l’air d’une femme sympa, l’air de quelqu’un qui va réconforter, rassurer ? Je n’en sais rien et je n’ai pas envie de l’entendre parler de ses histoires de femme qui l’a trompé ou d’enfants qui ne lui parlent plus. Pour ne pas le regarder, j’ouvrais mon livre. Je ne voulais pas entrer dans une intimité avec cet homme, je voulais rester avec mes souvenirs a moi.
L’odeur de ce vieux train a éveillé en moi un voyage dans ma jeunesse. Je me suis replongé dans une époque où le voyage était un événement. Je rentrais des vacances au bord de la mer avec ma tante, mon oncle et leur fils, mon cousin André. Juste avant de partir de chez grand-mère je l’avais vu, grand-mère donnait les sous à ma tante et j’ai entendu « c’est pour manger dans le train ».
Avec mes parents on a toujours mangé dans le train, maman a fait les sandwiches et un gâteau, et pris les pommes et les bouteilles de jus d’orange. Je n’avais pas compris la geste de grand-mère. Pourtant une fois installés dans le train, un portier est passé dans chaque compartiment pour demander qui voulait commander le déjeuner. Ma tante a acheté des billets et à l'heure du déjeuner, nous avons été invités à la voiture-restaurant.
Les tables étaient dressées avec du verre taillé et des tissus blancs, les couverts en argent brillaient à chaque endroit. Je n'avais jamais rien vu d'aussi grandiose, je n’avais que 12 ans. Un serveur a remis à tout le monde, y compris moi, un menu. Je me rappelle de la panique que j’avais ressentie... cela a dû apparaître sur mon visage, mon cousin a ricané mais mon oncle a pointé quelque chose sur mon menu et a dit "Je pense que ça pourrait te plaire, je vais prendre la même chose, qu'en penses-tu?" Je voulais lui faire un câlin et remercier mon oncle mais ma langue ne fonctionnait plus et j'ai simplement hoché la tête.
Je pense que ce jour-là, j'ai découvert le luxe, le serveur offrant une sélection de fromages dont je peux encore me souvenir, et j’ai décidé de vivre comme ça, les adultes me traitant comme un égal. Surtout ce dont je me souviens le mieux est la douce gentillesse de mon oncle, mort depuis longtemps.
Une petite larme coulait sur ma joue, m'assurant de ne pas regarder l'homme d'en face, j'essuyais subrepticement la larme. À mon horreur, l'homme se pencha vers moi et je vis qu'il portait un col romain... un prêtre! "Avez-vous des ennuis, puis-je vous aider ma chère?" me dit-il.
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