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L'existence extrême / Florence

Dernière mise à jour : 3 mai 2020

Atelier d’écriture en période confinée N°1


Une histoire courte sur le thème de l’évasion et selon les règles suivantes :

1/ Dans le dernier livre que vous avez lu (ou celui que vous êtes en train de lire), prenez le premier substantif qui apparaît dans la première page. Puis le premier adjectif de la page N° 40. Vous pouvez ajouter un article et accorder le tout. Ce sera le titre de votre histoire.

2/ Comptez combien il y a de voyelles dans votre prénom. Ce sera le nombre de personnages de votre histoire.

4/ Un petit bonus : ajoutez dans l’histoire un animal dont le nom commun commence par la même lettre que votre nom de famille.


L'existence extrême


Bientôt six mois qu'elle s'était réfugiée là, dans une cabane de fortune construite tout en haut de la canopée au beau milieu du vacarme assourdissant des oiseaux et des singes, bien à l'abri des prédateurs, les yeux le plus souvent rivés sur les grandes montagnes au loin et l'immensité de la forêt primaire qui s'étalait de chaque côté du fleuve, des arbres immenses dégoulinants de mousse et de lianes entremêlées, chacun parvenant à se hisser jusqu'au ciel, abritant un monde grouillant et invisible peuplé d'esprits d'ancêtres mi hommes-mi bêtes. Elle ne descendait que rarement pour cueillir quelques baies et fruits comme le faisaient les singes et relever les quelques poissons attrapés dans les nasses qu'elle déplaçait sur les rives du fleuve en évitant les alligators à l'affut, elle allumait alors un feu, nettoyait et faisait griller ses prises qu'elle dévorait avec l'avidité de la survie. Elle chantait parfois toute seule en racontant des histoires d'hommes aux pierres, aux arbres, aux serpents et aux fourmis, sa voix se perdait en écho contre les rochers du fleuve, elle rebondissait, déchirait la moiteur de l'air puis disparaissait vers l'embouchure du fleuve, des kilomètres plus loin.

Elle avait perdu la notion du temps, se levait et se couchait avec la lumière du soleil qu'elle accompagnait de tout son coeur jour après jour comme on prie devant le spectacle magique d'une cathédrale de lumière qui s'embrasait et s'éteignait inlassablement, jusqu'à ce jour inoubliable où elle le vit pour la première fois au bord de la rivière : au début elle ne perçut qu'une ombre furtive, elle se retourna brusquement, rien, pas un bruit, et soudain il surgit derrière un rocher face au soleil, dressé de toute sa hauteur, une masse énorme dont le dos argenté rutilait, il se frappait la poitrine puis retombait sur ses pattes, avançant rapidement comme s'il chargeait, elle croisa son regard puis recula en baissant la tête pour lui laisser la place, il s'approcha et renifla les restes du poisson qu'il engloutit tranquillement, puis resta quelques instants assis à contempler le fleuve, faisant comme si elle n'existait pas avant de repartir et de disparaitre dans la forêt d'où il était venu.

Aucune rencontre ne l'avait jamais saisie à ce point, ce puissant mélange de peur et de fascination inscrites depuis la nuit des temps dans son ADN et l'intuition en plongeant son regard dans le sien qu'elle l'avait vraiment rencontré, la certitude qu'il était la raison même de son voyage jusqu'ici, le Gorille, son Gorille des montagnes."


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