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Pas Vite / Louise

Atelier d’écriture en période confinée N°1


Une histoire courte sur le thème de l’évasion et selon les règles suivantes :

1/ Dans le dernier livre que vous avez lu (ou celui que vous êtes en train de lire), prenez le premier substantif qui apparaît dans la première page. Puis le premier adjectif de la page N° 40. Vous pouvez ajouter un article et accorder le tout. Ce sera le titre de votre histoire.

2/ Comptez combien il y a de voyelles dans votre prénom. Ce sera le nombre de personnages de votre histoire.

4/ Un petit bonus : ajoutez dans l’histoire un animal dont le nom commun commence par la même lettre que votre nom de famille.


Pas Vite


Nous venions de terminer notre office, il restait un quart d’heure avant de prendre nos travaux de jardinage réduit en un carré de terre, et de quelques pierres placées autour comme les grains d’un chapelet. Comme chaque jeudi, Sœur Camille employait ce quart d’heure à tourner en rond dans le péristyle. Le compas aussi ample que rapide, on la surnommait gentiment « Sœur Pas-Vite ». Il contrastait avec le pas de l’horloge qui lui n’en finissait pas de s’étirer pour fabriquer sa minute.


J’avais remarqué qu’elle mangeait peu depuis quelques temps. Son flan à la semoule finissait sur le tenon défait de la porte de la chapelle. Peut-être pensait-elle que je ne l’avais pas repérée… mais comme je suis gourmande à m’en confesser, je convoitais, non pas mon prochain, mais les entremets. - « Sœur Violette voudriez-vous je vous prie me dire où se trouve la binette, le pourpier doré étouffe. » Je ne saurais dire qui de Dieu ou de Sœur Camille me permettait le mieux de m’y plaire encore, mais je me lassais de ce cloître. Un siècle me semblait compter mes jours depuis que j’y étais entrée. - « Sœur Violette la binette s’il vous plait ! » - « Voilà ! » Voilà. C’était ainsi qu’à force de la regarder embrasser la vie de notre essentiel, je me mettais curieusement à penser qu’il était justement ailleurs.

Les complies avaient sonné. Enfin. Bientôt je partirai. Dans un moment de silence. Comme si nous n’en avions pas assez…. Mais ce silence-là m’appartenait. Il ne serait pas meublé de prières. Je l’attendais comme un enfant sa papillote un soir de Noël. J’allais m’offrir ce bonbon de silence, ponctué de ce bruit comparable à un jeu de cartes qu’on mélange en pinçant deux paquets entre son pouce et l’index. Fro fro fro fro frorrr…. C’était le bruit de la Pipistrelle. Celle qui venait chaque soir après complies se poser sur le tenon défait, de la porte de la chapelle.

Ni Dieu, Ni Sœur Camille, ne pouvaient m’emporter aussi loin hors de ces murs. Aussi haut que le faisait le bruit… de cette Pipistrelle.

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