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Le plus inutile / Danielle

Dernière mise à jour : 3 mai 2020

Atelier d’écriture en période confinée N°1


Une histoire courte sur le thème de l’évasion et selon les règles suivantes :

1/ Dans le dernier livre que vous avez lu (ou celui que vous êtes en train de lire), prenez le premier substantif qui apparaît dans la première page. Puis le premier adjectif de la page N° 40. Vous pouvez ajouter un article et accorder le tout. Ce sera le titre de votre histoire.

2/ Comptez combien il y a de voyelles dans votre prénom. Ce sera le nombre de personnages de votre histoire.

4/ Un petit bonus : ajoutez dans l’histoire un animal dont le nom commun commence par la même lettre que votre nom de famille.


Le plus inutile


Ils étaient là tous les trois dans la grande chambre du premier étage. Il y avait Marie la petite sœur avec ses cheveux bouclés et ses grands yeux verts, il y avait Tom le grand frère toujours en train de taquiner tout le monde et Jimmy le petit voisin qui était venu passer l'après-midi. Pas question de sortir dans le jardin, il pleuvait des cordes et ça n'était pas prêt de s'arrêter. Alors quoi faire? un jeu de société? impossible. Les âges étaient trop différents pour que cela fonctionne. Mais l'ennuie commençait à agacer tout le monde.

-Hé! Si on jouait aux prisonniers? s'exclame Jimmy -Comment au prisonnier? lui répond Tom -Ben oui! on est prisonnier dans le donjon et il faut qu'on s'évade par un souterrain à la cave! -Impossible, on a pas le droit d'aller à la cave. -Justement c'est ça qui est amusant!

Et les voilà tous plongés dans le grand coffre à jouets. Les déguisements vites enfilés la petite troupe se retrouve avec un pirate, un gaulois et une princesse. Mais peu importe, à cet âge on se fiche pas mal de l'exactitude historique. Toute la difficulté consiste maintenant à rejoindre la cave sans que maman s'en rende compte, elle qui cuisine la porte ouverte à l'étage inférieur. La joyeuse compagnie avec pour chef Tom entrouvre la porte. Ha zut! un grincement prononcé se fait entendre. Tout le monde s'immobilise, l'oreille aux aguets...Tout va bien! Tels des fantômes ils s'acheminent vers l'escalier. C'est un vieil escalier en bois qui craque tant et plus. Avec beaucoup de précautions ils entament la descente, tantôt à droite de la marche tantôt à gauche, suivant scrupuleusement les indications de Tom qui en connait tous les secrets. Mais Marie encombrée par ses jupons glisse et se rattrape in-extremis à la rambarde avec un bruit sourd. La chienne Croquette qui dormait au salon juste en face se réveille. Elle regarde en direction de l'escalier et se met à bouger la queue.

- Ca y est, nous sommes repérés par les gardes! chuchote Jimmy.

Tout le monde se fige attendant le cœur battant que Croquette donne l'alerte. Mais celle-ci se recouche, bien décidée à finir sa sieste. Nos trois compères reprennent donc leur descente en redoublant de précautions. Le bas de l'escalier est atteint. Il faut maintenant ramper un par un pour passer devant la cuisine sans éveiller l'attention de la cuisinière. Le pirate réussit haut la main. Le gaulois, encombré par son casque, a des allures de tortue. La princesse hésite à salir sa belle robe et finalement passe l'obstacle sur la pointe des pieds dans un déplacement léger comme celui d'une danseuse. Les voilà arrivés à la porte de la cave. Celle-ci s'ouvre doucement sur la grotte interdite. Pas question d'allumer la lumière, les souterrains sont réputés pour être sombres. Alors la gorge serrée nos courageux évadés se faufilent à tâtons jusqu'au bas de l'escalier. "Opération réussie!" s'exclament-ils à voix basse. Mais voilà, c'est sans compter Croquette à nouveau réveillée par les petits gloussements et qui se poste en haut de la descente, prenant part aux réjouissances de ses aboiements scandés. La mère alertée se précipite, Axione l'interrupteur et découvre les compères au bas de la descente.

-" Que faites-vous là, vous savez que c'est interdit! c'est trop dangereux. Remontez tout de suite!" A pas lents en faisant bien attention de ne pas tomber car ces escaliers sont très raides, nos chérubins refont surface un à un.

Quand je repense à ce moment je me rends compte combien "le plus inutile" des jeux: aller du premier à la cave peut se transformer en une formidable "évasion": évasion dans l'imaginaire, évasion hors du cadre en bravant les interdits, évasion hors du temps qui s'écoule tellement plus vit lorsqu'on est occupé. Et tant pis pour le sermon, ça en valait la peine.


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