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Cosmic Train / Francis

Atelier d’écriture du 20 mai 2020, animé par Daijna


Thème : "Dans un train"

Longueur du texte entre 300 et 500 mots



Cosmic Train, les tunnels du temps


Alphonse somnolait encore quand le fiacre s'immobilisa. Il était arrivé à la gare. Ce n'était pas un voyage d'agrément qui l'attendait. Des affaires de famille à régler avec un notaire inconnu, là-haut, à la capitale. Le train était à quai. La locomotive, enveloppée de ses vapeurs fantasmagoriques, faisait entendre ses chuintements, comme si elle respirait, mais avec des difficultés d'asthmatique. Alphonse gravit les trois marches qui donnaient accès à son compartiment. Il s'avéra qu'il y serait seul. Il posa donc sa mallette de cuir sur la banquette, à côté de lui. Le sifflet du chef de gare ne se fit pas attendre, auquel répondit celui, strident, de la locomotive. Le train s'ébranla et Alphonse se cala confortablement, avec l'intention de profiter du voyage : par la fenêtre, qu'un voile de fumée voilait parfois, la campagne défilait. Des champs fleuris, coquelicots et bleuets, des bois verdoyants, de-ci de-là quelques fermes éparpillées et au loin, quelques clochers pointus.


Un sifflement prolongé de la locomotive le tira de sa rêverie, et il fut brutalement plongé dans une totale obscurité. Les yeux braqués vers la vitre, il essayait de distinguer quelque détail sur les parois du tunnel. Au bout de quelques secondes, il put percevoir de minuscules points lumineux et scintillants qui défilaient à grande vitesse. Et ce qui le surprit, c'est le silence soudain qui s'était établi. Une lumière ténue éclairait son habitacle, et elle lui permit de voir qu'il portait un étrange vêtement, une sorte de scaphandre. Le hublot qui donnait sur l'extérieur était rond. En s'approchant, autant que le lui permit son casque, il comprit qu'il était embarqué, dans une invraisemblable capsule, pour un voyage intersidéral. D'innombrables étoiles tapissaient un ciel d'un noir d'encre. Leurs mouvements étaient étrange. Certaines semblaient lointaines et immobiles, alors que d'autres, plus proches peut-être, défilaient à une allure stupéfiante. Il eut une étonnante double impression : à la fois, celle d'un temps qui se serait brutalement arrêté et celle d'une chute vertigineuse entre des parois lumineuses qui désormais semblaient se déformer en multipliant le chatoiement de leurs couleurs. Nul doute. Il était emporté par un maelstrom cosmique, et serait certainement bientôt dévoré par ce qu'il nomma mentalement un trou noir géant... La porte des étoiles s'ouvrit. Il plongea dans l'obscurité.


Un sifflement doux et régulier vint alors éveiller ses sens. Au moment où il rouvrait les yeux, les plafonniers s'éteignirent. Les traînées lumineuses qui zébraient le paysage s'étaient transformées en enseignes lumineuses multicolores, des inscriptions en caractères étranges, des kanji lui sembla-t-il. Une douce musique précéda l'annonce qu'une voix harmonieuse de femme proféra, d'abord en japonais, puis en anglais. « Dans quelques instants, notre Shinkansen arrive en gare de Tokyo. Merci d'avoir choisi la compagnie Japan Railways ». Une minute plus tard, la rame s'immobilisait, les portes s'ouvraient automatiquement, donnant accès à la ville. Alphonse saisit son attaché-case dans le porte-bagages, descendit sur l'immense quai, et se perdit rapidement dans la foule



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