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Page blanche / Francis

Atelier d’écriture du 3 juin 2020, animé par Daijna


La préparation :

Chacun écrit sur un petit papier 1 personnage, puis 1 lieu, 1 temps, 1 objectif, 1 autre personnage, 1 objet.

Pour chaque tas de petits papiers, on lit toutes les propositions et on vote. La trame de l’histoire se construit peu à peu.

Ecrire une histoire à partir des éléments retenus :

Mike, facteur à vélo, 23 ans

Une terrasse de bar sous un platane

Un matin d’été

Partir voir les aurores boréales

Un auteur de BD

Un bilboquet



Page blanche

Alan est un lève-tôt. Surtout l'été. Il n »e supporte pas de sentir que le soleil est levé quand lui est encore au fond de son lit. Aux premières lueurs du jour, quand la fraîcheur de la nuit flotte encore sur son village, il chausse ses godillots et part sur les sentiers. C'est là qu'en général il trouve l'inspiration. Pourtant, cela fait un mois aujourd'hui qu'il patauge. Son éditeur attend les premières planches de sa nouvelle BD pour la rentrée, à l'automne. Alan s'est engagé, un peu imprudemment, en prétendant qu'il allait produire un chef d’œuvre du huitième art... « Oui, bien sûr, j'ai un sujet extra », a-t-il dit à son éditeur. « Mais je ne veux pas en dire plus ! ». Devant l'insistance de son interlocuteur, il a dû improviser. « Il sera question d'aurores boréales », a-t-il lancé, sans réfléchir.


Et le voilà qui gambade dans le maquis. Inquiet. Syndrome de la page blanche. Il a emporté un cahier d'esquisses, un crayon et une gomme, mais quand il se pose un long moment au pied d'un micocoulier et qu'il les sort de son sac à dos, rien ne vient. Pas la moindre inspiration.


Il est donc rentré au village, déçu et inquiet. Le bar des boulomânes vient d'ouvrir. Il s'installe à l'ombre dense du grand platane qui couvre la placette et demande un café allongé et un grand verre d'eau. Le village s'éveille doucement. Quelques volets s'entrouvrent. Pas question de laisser entrer la chaleur qui commence déjà à s'installer. Un chien passe, qui lui jette un regard furtif. Au bout de la rue, arrive un cycliste. Alan l'a vu mais pas encore reconnu. Pourtant, il le connaît bien. C'est Mike, le facteur à vélo. Un drôle de bonhomme. Encore tout jeune. Il a choisi de faire sa tournée à bicyclette, refusant la fourgonnette jaune de La Poste. Il est vrai que l'itinéraire de sa tournée se prête à ce moyen de transport : les ruelles du village sont tellement étroites et les escaliers si nombreux que la voiture y est proscrite. Mais Alan gribouille sur son carnet. Il a dessiné le platane et le chien. Toujours pas de sujet pour sa BD !


« Quelle chance ! Je suis content de te trouver ici, Alan. J'ai un colis pour toi ! Et comme tu n'étais pas chez toi, je n'ai pas pu le déposer. Tu le veux ? » Alan sort de sa torpeur et découvre Mike. Un colis qu'il n'attendait pas … Bien sûr, il le prend. Il regarde le paquet, l'écriture de l'expéditeur. Mike est déjà reparti sur son destrier à roulettes.


Alan déchire le papier d'emballage. Une boîte en carton. Il l'ouvre. Surprise. Un drôle d'objet est là : une boule de bois, une cordelette, une tige de bois... C'est un bilboquet. Alan reste sans voix. Mais dans sa tête, soudain, une petite voix s'est éveillée. La page blanche s'est soudain évanouie. Alan sait qu'il va publier la BD du siècle. Il vient de trouver l'histoire qu'il va raconter. Et le titre aussi : ce sera « MIKE ET LE BILBOQUET ».



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